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L'engagement et la persévérance dans les études supérieures : question de stress?

L'équipe multidisciplinaire composée des professeurs Denis Bédard (éducation), Daniel Dalle et Noël Boutin (génie), Christelle Lison et Daniel J. Côté (médecine) discutent de l'évolution des variables qui permettent de prédire l'engagement et la persévérance des étudiants dans leurs études universitaires. Absents sur la photo : Gérard Lachiver (génie) et Nathalie Lefebvre.
L'équipe multidisciplinaire composée des professeurs Denis Bédard (éducation), Daniel Dalle et Noël Boutin (génie), Christelle Lison et Daniel J. Côté (médecine) discutent de l'évolution des variables qui permettent de prédire l'engagement et la persévérance des étudiants dans leurs études universitaires. Absents sur la photo : Gérard Lachiver (génie) et Nathalie Lefebvre.
Photo : Michel Caron

5 février 2009

Isabelle Huard

Quels sont les facteurs qui permettent de prédire l'engagement et la persévérance des étudiantes et étudiants inscrits dans des parcours universitaires innovants? Une équipe du Centre d'études et de recherche en enseignement supérieur (CERES) tente de répondre à cette vaste question grâce à une subvention de trois ans du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada.

À la lumière des résultats obtenus pour les deux premières années, il appert que l'attitude face au stress et la perception de l'étudiant du contexte professionnel au sein duquel il évolue comptent parmi les facteurs de réussite.

Cette recherche porte sur des programmes spécifiques qui se démarquent par la nature et l'ampleur des innovations pédagogiques mises en place – soit ceux de génie électrique, de génie informatique et de médecine (prédoctoral). Quelque 480 étudiantes et étudiants issus de ces trois programmes sont donc suivis par les membres du CERES.

Les formations analysées sont exigeantes en termes d'autonomie d'apprentissage, de rythme soutenu d'apprentissage et d'évaluation, de même qu'en termes de fréquence élevée de travail en groupe collaboratif ou en équipe. Ces programmes innovants favorisent la mise en relation des apprentissages universitaires avec la réalité professionnelle.

«S'engager et persévérer dans ces domaines, qui bousculent parfois beaucoup les habitudes d'apprentissage et de travail acquises au secondaire et au cégep, représente un défi qu'il importait de mieux comprendre. Particulièrement lorsque l'accent est mis sur le fait de réussir ses études, son parcours de formation», explique le professeur Denis Bédard, directeur du CERES.

Malgré des approches pédagogiques radicalement différentes que celles qu'ils ont connues avant l'université, la majorité des étudiantes et étudiants suivis présentent un profond engagement et une grande persévérance au fil des années, constatent les chercheurs.

Ce qui a initialement étonné les chercheuses et chercheurs, c'est que, indépendamment des programmes, ce sont les facteurs qui inhibent le stress qui permettent le mieux de prédire l'engagement. Autrement dit, la perception des situations potentiellement stressantes et celle des moyens dont dispose un étudiant pour y faire face et atténuer ce stress a un impact sur sa persévérance et son engagement. D'autres variables ont été considérées, comme le rapport au savoir et l'articulation des connaissances.

«La persévérance, voire la réussite dans les études sera grandement favorisée chez un étudiant qui adopte une posture relativiste – par exemple qui cherche une réponse en fonction des caractéristiques d'une situation ou d'un contexte – particulièrement dans des curriculums où sont mis de l'avant une culture professionnelle», dit le professeur Bédard.

La présence de moyens pédagogiques comme l'apprentissage par problèmes et la pédagogie par projet sont deux façons de faire apprendre qui reproduisent des situations inspirées par cette culture professionnelle.

Un éclairage précieux

Une fois les données compilées et analysées, les résultats de l'étude en cours seront d'une aide précieuse pour les directions de programmes.

«Ils leur permettront, entre autres, d'orienter leurs actions et de former leur personnel dans l'optique de rassurer les étudiantes et étudiants qui débutent leur programme universitaire et de diminuer leur stress, explique le professeur. De plus, les résultats permettront d'orienter les approches pédagogiques proposées en fonction de leurs incidences sur les étudiantes et étudiants. Ainsi, des mesures spécifiques pourront être instaurées dans les programmes. À titre d'exemple, on peut mentionner la qualité de la relation que les enseignants établissent avec les étudiants, de même que l'instauration d'un climat d'études favorable à l'établissement de relations signifiantes entre les étudiants et avec le personnel enseignant et le personnel de soutien», conclut Denis Bédard.

Ainsi, l'UdeS pourra mieux continuer d'exercer son leadership en termes d'innovation pédagogique.